le 28 Avril 2020 

DES CONFITS

 

 

Je redoute le onze mai, je redoute demain,
J’ai la hantise d’avoir perdu la main.

De longues semaines sans vrais déplacements,
Vais-je encore savoir manier volant ?
Mes réflexes seront-ils revenus à la normale,
Pour ne pas me mélanger les pédales ?

À trop rester cloîtré loin de la foule,
Ne vais-je pas, demain, devenir maboule ?
Ne plus accepter les tristes bousculades,
Et les embouteillages en escalade ?

À ne respirer que le bon air de chez moi,
Vais-je accepter, d’un air vicié, être la proie ?
Mes poumons vont-ils supporter en sourdine
Gaz d’échappement et odeur des usines ?

Au tapage de mes silences quotidiens,
Mon ouïe ne refusera-t-elle pas le cri des chiens ?
Et dans un vacarme incessant et agité,
Pourra-t-elle retrouver toute sa sérénité ?

Je redoute le onze mai, je redoute demain,
J’ai la hantise d’avoir perdu la main.
Je redoute l’après, c’est maintenant,
J’ai la hantise du déconfinement.

Jean du 11 Mai

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